On va continuer à chambouler les souvenirs de petite enfance, donc après Casimir...
Gros nounours
Claude Laydu, en collaboration avec sa femme Christine laydu cumule les fonctions d'auteur des scénarii et dialogues, producteur, comédien (la voix du Marchand de Sable), accessoiriste et script-boy, les marionnettistes prêtent leurs voix aux personnages et Jacques Samyn assure la réalisation.
C'est Jean-Baptiste, âgé alors de 3 ans, qui fait office de banc d'essai. Dominique, sa soeur qui joue du pipeau depuis des années, donne l'idée à ses parents de la couleur musicale fondamentale des émissions.
Les marionnettes sont confectionnées suivant les indications de Claude et Christine par deux marionnettistes de l'équipe.
Afin de pallier le manque de moyens, les émissions sont tournées, à une cadence élevée : plus de deux émissions par jour, engendrant une atmosphère houleuse sur le plateau. De nombreux incidents éclatent avec les marionnettistes qui n'apprécient pas cette façon de travailler.
De plus la nouvelle émission n'est pas prise au sérieux : Le titre « Bonne nuit les petits » fait sourire tout le monde...
Malgré toutes ces difficultés, la première série est diffusée, à partir du 12 décembre 1962, du lundi au vendredi.
En fait, l'émission ne figure pas sur la grille des programmes et sert de bouche-trou en alternance avec « Le petit train » ou, en dernier ressort, avec la célèbre pendule R.T.F.
Il arrive même que Gros Ours fasse son apparition après le Journal télévisé vers 20h30 !!!
Mais ces diffusions et ces horaires fantaisistes déclenchent des drames dans les familles : en l'absence de l'émission, les enfants refusent d'aller au lit avant d'avoir vu leur « Gros Ours ».
Soutenus par la presse, les parents manifestent leur colère et réclament une diffusion quotidienne et régulière. C'est ainsi que les dirigeants et responsables de la R.T.F prennent conscience de l'importance de ce petit programme qui déclenche bien des passions.
Toujours avec l'appui de la presse, le public réclame d'autres épisodes.
Une suite est alors commandée à Claude Laydu : 53 nouvelles émissions sont produites.
Mais les relations entre ce dernier et les marionnettistes qui avaient créés les personnages et qui les manipulaient se détériorent de plus en plus. Personne n'est finalement très content du résultat de son propre travail. Les diffusions s'arrêtent fin juillet 1963.
La direction demande à l'auteur-producteur de poursuivre le travail et de changer de marionnettes, qu'elle juge disgracieuses.
Gros Nounours est à présent une véritable star du petit écran. La chaîne lui propose de présenter en compagnie de Léon Zitrone, le journal télévisé de 20 heures du 24 décembre 1963. Il accepte de bon coeur et remporte un gros succès personnel. Il reçoit quotidiennement un volumineux « courrier de ministre » auquel la secrétaire de Claude Laydu répond scrupuleusement. Les enfants lui envoient également des pots de miel, ainsi que des écharpes pour éviter qu'il ne prenne froid sur son nuage. Le courrier conservé révèle des trésors de naïveté :« Monsieur le Directeur des Ours », « Monsieur Nours, Directeur de l'O.R.T.F », « Monsieur Dada dans la roulotte de Cornichon », « Nours du ciel ». et même « Pour Nounours, pas pour Le Marchand de Sable ». Une institutrice commence tous les matins sa classe en jouant au pipeau le générique de l'émission.
Ce succès populaire a un retentissement commercial important qui prolonge la longévité de l'émission et qui a pour effet d'inciter la direction de l'O.R.T.F. à continuer de diffuser de nouveaux épisodes.
En novembre 1963, 1000 disques sont vendus chaque jour (plus que Johnny Halliday !).
De très nombreux produits dérivés qui font encore aujourd'hui, l'objet de collections, sont créés.
« Nounours » a aussi son « Journal de Nounours » : un mensuel qui a pour son numéro 1, un tirage et une vente supérieure à celles de l'Express (412 000 exemplaires) !
Pour l'anecdote : Les enfants du Prince de Monaco et le fils du Chah d'Iran faisaient partie des abonnés du Journal de Nounours.
Le prince Rainier de Monaco déclare lors d'une interview pour « Télé 7 Jours » : « Les enfants regardent beaucoup la télévision. J'ai été étonné de voir la fascination qu'elle produit sur les enfants ! et surtout ! »Bonne nuit les petits ».Il n'y a rien a faire avant que Nounours soit passé, mais dès qu'il a dit qu'il faudrait se coucher, ils nous embrassent et vont au lit sans discuter! Les chers petits!