note : j'ai préféré rename le topic en notion de "Dessin" plus que d'"Art" simplement parce que là n'est pas la question. On s'en fout de "l'art", c'est pas ce qui nous intéresse.
-- Attention : Tartine ! ---
Avant toutes choses, je tiens à préciser que "l'Art" et le "Dessin" sont deux choses différentes, bien que se recoupant assez souvent.
Certes, me direz vous : " le dessin est un art". Sauf qu'aujourd'hui, l'Art (avec un grand A) a pris des directions et un aspect de recherches et d'expression très différents, au points de ne plus rechercher la représentation figurative des choses dans le but de raconter ou de montrer une histoire. Nous, nous sommes intéressé par le dessin "narratif", qui raconte une histoire et mets en scène des objets, des éléments ou des personnages. L'Art, aujourd'hui, n'est plus de peindre des portraits ou de représenter des scènes en recherchant la maîtrise de la technique et l'expérimentation visuelle. Aujourd'hui, placer une cuvette de toilette sur un parquet ciré, coller des éléments de tous les jours sur une table, créer des sculptures en acier de balons géants en formes de calamard ou autre idées farfelues qui ferraient penser à des symboles phaliques ou vaginales, c'est devenu de l'Art.
Donc non, malgrè ce qu'on peut voir sur FA, nous ne sommes pas vraiment des artistes, si tant est que ce terme ait un sens... mais des dessinateurs.
Contrairement à ce que l'on pense, le niveau technique, en tant que compétence dans un domaine précis, n'est certes pas calcuable, mais il peut tout à fait être déterminé selon des critères objectifs si l'on garde en tête que le but d'une image est de susciter un intérêt visuel.
Tout comme en musique, en informatique ou en littérature, on reconnaitra très facile un néophyte d'un amateur, l'amateur d'un semi-pro, le semi-pro d'un pro, et du pro au maître.
Concrétement, il y a quelques critère qui permettent de "juger" d'un dessin sur le plan technique pure. - La gestion de l'anatomie/ perspective et tout le tsoin tsoin académique... - La maîtrise de la technique visuelle employée (crayon, aquarel, etc ) - Rapports de formes, de masses, etc.
Néanmoins, le niveau technique ne fait pas tout ! Car on peut très bien maîtriser certains média comme par exemple le crayon, savoir faire des effets de la mort qui tue, savoir gérer certains effets visuels, il en reste qu'on peut passer à côté des vrais enjeux d'un dessin. Et c'est là qu'on commence à reconnaitre le "pro" de "l'amateur".
Pour expliquer un peu le cheminement,et là je citerais ce très cher Scott McCloud (l'art invisible), on pourrait dire qu'il existe 6 étapes : - 1 : l'idée ou le but - 2 : la forme - 3 : l'idiome - 4 : la structure - 5 : la technique - 6 : l'apparence
Beaucoup de débutant sont obnubilé par les effets graphiques ou la "stylisation" d'un dessin. Autrement dit "l'apparence". C'est un fait : combien de personnes ici s'inspirent des effets de tel ou tel dessinateur ? Qui n'a pas deja montré des dessins d'autres personnes en disant "j'adore son style" ?
Néanmoins, produire quelque chose uniquement basé sur de l'apparence revient à sauter des étapes importantes avant que la magie puisse s'oppérer. On fait quelque chose de creux.
La plupart des dessinateurs pro qui ont réussi à créer leur propre langage visuel, autrement dit leur "style", sont passé en premier lieux par différentes étapes avant d'atteindre cet maîtrise.
Et c'est là où l'on commence à pouvoir dissocier l'amateur du pro etc.
Par exemple, pour le cas de Silverwolf, on sent bien que dans son approche du dessin, il est avant tout obnubilé par ce à quoi ça va ressembler. Il se "regarde dessiner", d'une certaine manière. Il pense "stylisation". Il fait et il imite ce qu'il a déjà vu, sans penser au reste. Autrement dit, il grille des étapes, et il se perd dans un océan de mimétisme qui fait que l'image n'est ni belle à voir, ni "bien construire", ni juste.
Pour en revenir au niveau technique :
Le dessin possède avant tout une base visuel, et dans l'absolut, il tend à représenter le réel et faire en sorte qu'une image paraisse plausible, naturelle. Il doit convaincre ! Et pour cela, il doit faire en sorte de ne pas choquer l'oeil du spectateur tout en créant un intérêt visuel.
L'une des premières armes d'un dessinateur est donc l'anatomie. En effet, qui n'a jamais été rebuté par un dessin en voyant que des bras ou des pattes sont trop court(e)s, ou que le personnage est anormalement composé ? Qu'il ne tiendrait pas debout, ou qu'il a dix kilomètre d'intestin en plus qu'un Humanoide ou un Animal "normal" ?
L'anatomie revient avant tout à connaître le fonctionnement d'un corps et sa principale composition/articulation. La composition du squelette, l'emplacement de la pluparts des muscles. Il n'est pas nécessaire de tous les connaîtres, car après tout comme c'est sur du visuel, ceux que l'on ne voit pas n'ont pas vraiment d'importance. Savoir comment fonctionne les différentes articulations nous amène à éviter les "mouvements impossibles" ou les poses où le personnage se déboite quelque chose. Et tout cela, ça s'apprend.
Mais l'anatomie ne fait pas tout. En réalité, elle ne sert que de base à l'approche de ce qu'on appel un "rythme" dans un dessin. Le fait de comprendre que de dessiner une courbe amène forcément une contre courbe, etc. C'est pour cela que le modèle vivant, ou le dessin d'apres nature est primordiale, c'est qu'il permet de forcer l'oeil à regarder autre chose que ce qu'il ne voit. Du dessin d'observation, au plus on progresse, au plus on apprend à se détacher de l'objet (par exemple, un bras), et au plus on enleve le concept ou la nature de cet objet pour ne se concentrer que sur les formes, les pleins, les vides, les courbes, les masses, les lumieres, le volume. Et là, on apprend comment se crée le rythme.
C'est à partir du moment où l'on connaît quelque chose qu'on peut commencer à savoir le dessiner. Et lorsqu'on sait le dessiner, on commencer à chercher comment le simplifier ou le "raconter" plus facilement, ou avec plus de finesse. Et plus on est capable de le simplifier, plus on quitte le côté "dessiner un bras" pour ne se concentrer que sur les masses et les formes qui réagiront lorsque je mettrais en place le bras.
Mais savoir dessiner ne suffit toujours pas. Il faut également savoir "habiter" son traits. Lui faire ressentir quelque chose. Varier la nervosité, l'intensité, la force d'un traits pour exprimer une pose, un mouvement, un rythme...
C'est comme avec une guitare. Les bluesman et autres virtuoses du rock ont très bien compris qu'il ne suffit pas de gratter purement et simplement les cordes pour faire sortir des notes. Les notes, il faut aller les chercher, il faut leur donner une âme, une énergie. Il faut tout mettre dans sa guitarre si on veut qu'elle ait de la vie.
C'est comme ça que petit à petit on est capable ou non de créer des personnages cartoons, réaliste, ou semi-réaliste. Il faut voir le dessin comme un immense problème dans lequel on ne fait que chercher des solutions.
Au niveau des moyens d'expression, le dessinateur dispose également de différentes techniques, qui demandent chacune une approche spécifique. Par exemple le crayon de bois(gris/papier), le stylo, mais également l'aquarel, les encres, ou encore l'acrylique. A partir de là, on peut également considérer que le niveau technique est en partit donné par le degrès de maîtrise d'une de ces techniques.
Mais là où le débutant choisira (ou non) une technique plutôt qu'une autre, soit par pragmatisme, soit parce qu'il n'a jamais vraiment réfléchit à d'autres possibilités, soit parce qu'il aime tel ou tel rendu d'effet ou de matiérage que peut produire par exemple un stylo bic, une tablette graphique sous photoshop ou des tubes d'aquarel à peine surtis du tube et diluées n'importe comment, le dessinateur va choisir une technique en fonction de ce qu'il cherche dans le dessin.
Par exemple, pour des travaux de recherches, de mouvement, de charadesign où le but va plus être sur la forme, la ligne, un travail au trait, etc, alors il s'orientera d'avantage vers des techniques qui permettent ce genre de travaux : crayon, feutre, encre de chine, plume, etc... S'il cherche à étudier la lumière, il va plutot choisir la plume pour un travail de hachure, ou de la peinture pour pouvoir varier avec les différents etats de la peinture.
Mais dès qu'il cherche à dessiner ou à créer une image, le choix de la technique sera relatif à la lumière est à l'ambiance qu'il veut donner.
Car voilà deux termes qui sont important dans un dessin : l'ambiance, et la lumière. Il n'y a pas d'ambiance sans lumière, et il n'y a pas de lumière sans ambiance.
Contrairement à ce que penses les "débutants", les traits ne font pas tout dans un dessin. Un "vrai" dessin est avant tout pensé "lumière" :
D'où provient la source, qu'est ce qu'on voit, qu'est ce qu'on ne voit pas ? Qu'est ce que je peux suggérer dans mon dessin ?
Comme le dessin est avant tout quelque chose de visuel, et que dans la réalité, s'il n'y a pas de lumière, on ne voit rien, un dessin n'est rien d'autre qu'un gros tas de lumière.
Un style ou un code n'a pour but que de suggérer une forme et de faire comprendre "qu'est ce que c'est que ça" alors qu'en réalité ce ne sont que des traits agencé de la bonne façon. C'est d'ailleurs le but premier de dessiner au trait. A ce même effet, le fait de dessiner par la lumière permet de pouvoir suggérer des formes sans même les dessiner.
Alors, certes, tous les dessins ne sont pas remplis d'ombres et de lumière, et des dessinateurs sont capables de produire des dessins très efficace et autonomes uniquement avec des petits personnages déssinés au traits de contours. Mais ces mêmes dessinateurs ne sont plus dans une optique de lumière, mais de composition.
Car voilà bien une chose qui dépasse tout et qui est fondamentale pour qu'un dessin fonctionne : la composition.
D'ailleurs, c'est Picasso qui le disait à ces quelques rares et chanceux élèves : "Il n'y à que trois choses importante dans le dessin : La composition, la composition, et la composition."
Parlons en, de picasso.
Tous ici avez déjà pu entendre ou bien pensé "ouais picasso, même mon petit frère/petite soeur fait mieux". Et c'est là toute la différence entre un débutant et un pro.
Ce que Picasso a compris, c'est que dans un dessin, il faut faire un choix. Il est impossible de tout représenter, de tout dessiner ou montrer sans que forcément, ça choque.
Dans un dessin, il existe différents éléments "graphiques" que personne ne voit consciemment, mais que tous on ressent, et qui permet de faire la différence entre un "wouaw ! C'est.... wouaw !" et un "euhm.... mmmh.... ya quelque chose qui me dérange mais je sais pas quoi".
Ces éléments sont très différents, mais tous fonctionnent sur une même règle de 3 (chiffre de l'équilibre) car nous sommes occidentaux.
Tout d'abord, il y a les masses et les espaces qu'occupent les élèments dans un dessin. La manière dont ils sont agencé, comment ils réagissent entre eux.
Des éléments dispercés un peu partout dans un dessin sans véritables connections, tous de la même taille et très mal réfléchis va créer des répétitions ou des blocages dans l'image, et l'oeil à HORREUR de ça ! Dans une tel image, on risque fort de ne pas circuler et de rester scotcher à un élément ou deux, et faire des aller retour entre les deux sans rien capter, et on se fait chier.
Un dessin où les masses sont bien agencés, qu'ils y a des choix entre petits, moyen et grands, le tout dans une optique de profondeur ET de circulation dans l'image, va permettre de donner de la vie au dessin.
Outre les formes, existe également les contrastes.
Contraster une image ne consiste pas simplement à créer des extremes partout, sinon l'oeil va en prendre plein la poire et ne rien capter. Plus il y a de contraste, et plus il y a de nuances entre deux extremes. Ceci peut etre au niveau des formes, des tailles, des vides, mais égalements des couleurs, des valeurs des objets et de la lumière.
Un faible contraste où l'on passe très vite d'un extrême à un autre va permettre de donner du poids à une image, la rendre agressive, lui donner une intensité dramatique ou narrative ! Tendis qu'une image avec une grande richesse de contraste aura tendance à adoucir une image.
La lumière joue également un rôle primordiale dans un dessin en couleur (ou en noir et blanc). La teinte, l'intensité et la franchise de cette lumière va tout changer sur la perception de l'image.
Au niveau du contraste de forme, c'est que qui va permettre de générer du mouvement. Un exemple simple est pour créer l'impression qu'un personnage bouge. Le fait de poser un personnage dans une pose qui suggère la course sans rien autours, ne donnes pas l'impression d'une course. A la différence, certains dessinateurs de BD utilisent des "codifications" en ajoutant quelques traits de mouvements soit courbe, soit entortillés, soit quelques petits nuages progressivements grand, soit des traits droits, ainsi qu'une ombre en dessous pour signaler l'aspect "figé" du sol. Dans ce cas, c'est le contraste des formes du personnages qui "bouge", avec celui des codes, ainsi que le sol, qui va générer le mouvement
Un dessin peu se résumer à trois types de formes : des carrés, des cercles et des triangles. Le fait de super poser ces trois formes va générer un fort contraste, et donc va attirer l'oeil. A cet effets, le choix de représenter un personnage ou un élément de tel ou tel façon, va dépendre du type de formes qu'il y a autours.
Et pour finir, il y a avant et surtout les valeurs !
Dans un dessin, il existe trois type de valeur : les valeurs claires, les moyennes, et les sombres.
Des objets blancs, gris clairs, bleu clair etc etc, font partis de la famille des claires. Les autres, moyens , etc...
Dans une image, s'il y a autant d'éléments clairs que de moyens ou de sombres, l'image ne fonctionne pas, car on comprend rien. Au contraire, une image où il y a un choix, à savoir par exemple beaucoup d'éléments moyens, un peu d'éléments clairs et très peu d'éléments sombres, va largement mieux fonctionner.
C'est une question de balance et de naturel. Est ce que vous irriez placer un personnage dont la fourrure est blanche, sur un fond tout aussi blanc dans une tempête de neige blanche, le tout en les représentants tous aussi clairs les uns que les autres ? On ne verra rien, et ça ne fonctionnera pas du tout.
Et c'est là où le dessin devient subtile. Lorsqu'on dessine au traits ou à l'encre, comme par exemple en BD, certains personnages détourés créent en eux même une certaine valeur de "gris optique". De même que les bulles, avec la quantité de textes, formes des espaces de gris très différents qui ne demandent qu'à être agencée de la bonne manière.
Certains personnages dessinés uniquement aux traits possèdent certains éléments que l'on va choisir de représenté de tel ou tel manière dans le but d'éviter un trop gros équilibre dans les valeurs sur une image.
La position du personnage dans l'image, sa "valeur", ses rythmes, les espaces qu'il crée, vont donner une ambiance et permettre au dessin de vivre et d'être autonome.
C'est à partir de là que l'on peut dissocier débutant, amateur et pro.
Le néophyte et le débutant ne sont souvent intéressé que par la surface d'une image. Ce qu'on voit. Ils cherchent à représenter à l'aide d'effets et de stylisations qui sont à côtés des vrais enjeux, des vraix questions d'un dessin.
L'amateur, quant à lui, commence à comprendre certains principes et commence à voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Il est certes encore dans le graphisme et l'effet, mais il recherche derrière à générer des images qui ne le choque pas lui, et par extension, qui ne nous choquent pas "nous".
L'étape suivante avant d'atteindre le status de "professionnel" est de commencer à s'interroger et de comprendre ce qui permet à une image de fonctionner, et pourquoi. Lorsqu'il dessine ou qu'il peint, ses premières préocupations ne vont pas aux problèmes de proportions ou de ce qu'on va voir, car il va chercher à gérer ce que nous on ne verra pas dans le dessin. Il va commencer à rechercher et à faire des choix dans une image, de faire des sacrifices, car il commence a comprendre qu'à trop en mettre dans une image, ça applatis tout.
Le pro, lui, n'en est pas encore au bout de ses surprises, et bien qu'il commence à maîtrisé et qu'il a appris à résoudre certains problèmes de dessins, de nouveaux se montrent à lui. Il commence certes à y trouver une démarche personnel, une simplification qui fonctionne, un "style"... bien que ça ne soit plus le "style" qu'y ne l'ait trouvé.
Le maître quant à lui, est doté d'une telle connaissance et d'un tel savoir de la composition que chacun de ses images fonctionne. Et non content de savoir composer une image, il maîtrise également des techniques de dessins et de peintures afin de générer des effets aux bon endrotis et aux bons moments dans ses images, leur donnant une telle véracité que tout le monde pleure devant un tel génie.
Donc oui, c'est quantifiable.
ps: je n'ai pas vraiment eu le temps d'illustrer mes propos. Je m'en excuse.
_________________ Blah
Dernière édition par Leeden le 13 Août 2009, 14:42, édité 2 fois.
|