Lone_Fox a écrit:ni la dentition ni le système digestif de l'Homme ne sont faits pour la consommation de viande.
Affirmation hasardeuse, du point de vue de la théorie de l'évolution. Rien n'est vraiment
fait pour rien. Les végétaux non plus, à l'exception des fruits, ne sont pas
faits pour être mangés par les herbivores. La dentition et le système digestif de l'homme sont très bien adaptés à la viande
cuite, à défaut d'être adaptés à la viande crue (nous cuisons notre viande depuis 500.000 ans environ, et notre évolution depuis en tient compte). Et puis j'aime la viande, et puis je suis sanguinaire et cruel aussi à de nombreux points de vue ("sadique" est un terme bizarrement médicalisé, qui invite sans preuve à voir une pathologie là où il n'y en a pas forcément).
Je me souviens d'un conte de jeunesse, d'origine bouddhique : un prince sauve une colombe d'un faucon. Le faucon se plaint ensuite que lui et ses enfants mourront de faim. Le prince offre alors au faucon, qui accepte, une portion de sa propre chair du même poids que la colombe. Le prince prend une balance et se coupe une main, mais la colombe pèse plus lourd. Puis il se coupe le bras, mais la colombe pèse plus lourd, etc., jusqu'à ce que le prince saute à pieds joints dans la balance, qui s'équilibre alors, d'où la morale : "une vie vaut une vie". Avec le recul, je trouve ce conte bien mièvre, et, à chaque fois que je mange un plat de moules-frites, j'y repense avec délectation : j'imagine des bouddhistes horrifiés et en larmes, me regardant engloutir goulûment moule après moule, tandis que je ris sardoniquement comme un ogre ou un démon recevant le sacrifice de dizaines de vies... gniark gniark
Lone_Fox a écrit:- C'est naturel de tuer des animaux pour vivre. Colossale et néanmoins pratique contradiction : tous nos principes moraux sont fondés sur la supériorité de l'Homme sur la nature, mais quand ça nous arrange, on décide qu'il est naturel de faire ci ou ça. Le fait que quelque chose soit 'naturel' n'est en rien une justification d'un acte réfléchi. Sinon, je peux parfaitement prendre une grosse branche et aller assassiner mémé dans la rue pour lui voler son argent, après tout, la loi du plus fort, c'est naturel.
Souvenons-nous aussi que l'inégalité des races, la dictature de la noblesse, la pauvreté et l'esclavage ont longtemps été dits 'naturels'.
Je trouve, en effet, que prendre la nature à témoin pour se justifier est de mauvais goût. On trouve tout et n'importe quoi dans la nature, et les analogies ont toutes les chances d'être sans aucune pertinence. Le citoyen civilisé Lambda ne connaît rien de la nature, et projette sur elle n'importe quel fantasme. Justement, l'opposition entre une nature où règnerait la loi du plus fort et une civilisation réfléchie où règneraient les principes moraux est un cliché, un poncif. La coopération, les alliances, et des règles de conduite sociale à base instinctive ou émotive, existaient dans la nature bien avant l'apparition de l'homme ; et la culture humaine a inventé de "vilains" comportements planifiés et systématiques, inédits dans la nature. Moi, je couche avec des hommes et je tue des animaux si je veux ; je me fiche de savoir si c'est "naturel" ou pas.