Coucou, c'est encore moi.
Je sais bien que chacun a envie de parler de lui, et de ses particularités.
Mais pour l'instant, je cherche ce qui reste dans le furry quand on enlève tous les particularités propres aux sous-genres, aux écoles, aux variantes... isoler ce qu'on trouve chez tous les furs et que l'on ne trouve pas chez les non-furs.
Il y a des tas de bonnes raisons de chercher ce "plus petit dénominateur commun".
- d'abord c'est une définition extensive du penchant furry
- et puis ça donne une consistance à la communauté
- ça aide à mieux se connaître
- ça permet de présenter le furry à ses amis sans les voir s'enfuir en poussant des cris
- ça permet de comprendre et de pardonner les écarts d'autres furrys
- ça permet de tirer partie de son penchant furry dans la vraie vie
- ça permet de se défendre contre les attaques faites par des non-furs (media) mais aussi involontairement par des furs, quand les particularités de quelques individus (par exemple les peluchophiles) sont généralisées à l'ensemble de la communauté.
- ça permettra d'écrire un jour un guide pour les parents "mon enfant est un fur" lol
... bref ça vaut le coup! je persiste.
Tim considère que parler d'anthropomorphisme sensuel ne suffit pas.
Blank remarque que certaines créations anthropomorphiques non-furry sont aussi délibérément sensuelles.
Et bien, je suis d'accord. Après tout, j'ai seulement dit que l'anthropomorphisme furry était empreinte de sensualité. C'est un premier indice, puisque l'anthropomorphisme non-furry ne recherche en général qu'un effet burlesque, fantastique, effrayant ou infantile...
C'est vrai, ce n'est qu'un indice. C'est vrai, on ne sait pas quoi en faire. Je le met sous le coude pour l'instant.
Blankhare énumère d'autres motivations. Il remarque aussi que chacune de ces motivations supplémentaires n'est pas commune à tous les furrys.
Donc ces motivations ne font pas partie de la définition "minimale". A présent, est-ce que cela nous empêche de continuer? Non, au contraire, ça fait avancer le schmilblick.
Rechercher l'absence de contrainte sociale, apprécier d'être dans la peau de quelqu'un qui suscite la peur ou le respect: on retrouve aussi ce genre de motivations dans des constructions imaginaires qui n'ont pas besoin de créatures anthropomorphes.
Par exemple, l'héroïque fantaisy, le moyen-âge, le western, la piraterie... avec toute une panoplie de romans, BD, DA, JDR, reconstitutions et GN. Là aussi il y des gens sympa, des réseaux et des communautés! Là aussi on apprécie l'impulsivité et la richesse des personnages, là aussi on recherche des sensations fortes et une société plus légère...
Mais ces gens-là n'ont pas cette motivation supplémentaire des furs qui choisissent délibérément de s'identifier à des personnages non-humains.
Au contraire, un non-fur ne voit pas l'intérêt de s'identifier à un personnage anthropomorphe. Pour un non-fur, c'est souvent un handicap: "ça gâche tout".
Vous connaissez le test de Voigt Kampf dans Blade Runner? Voilà une situation imaginaire dans le même genre:
"un ami de vos relations se lance dans un projet de BD. Ce sera une BD complexe, où un lecteur adulte va volontiers s'immerger (pour les raisons listées par Blankhare). Cet ami vous demande votre avis sur la représentation des personnages. Dans une première ébauche, ils n'ont rien de particulier. Dans l'autre, les personnages ne sont manifestement pas humains, ce sont -par exemple- des animaux. Quelle représentation allez-vous défendre?"
Si vous choisissez de défendre la représentation anthropomorphe, envers et contre tout, c'est que vous être furry.
Si on vous demande d'argumenter ce choix apparemment irrationnel... vous finirez par répondre: "les personnages me plaisent mieux comme ça".
Voilà. Un fur préfère s'identifier (le temps d'une histoire ou plus longtemps) à un personnage hors de l'humanité.
Tim va encore me dire que j'enfonce des portes ouvertes
. Mais non! Il n'y a plus qu'à tracer une flèche... La sensualité, plus présente dans l'art furry qu'ailleurs... et cette aversion envers le genre humain.
J'en tire la conclusion suivante.
"Un furry est une personne qui appréhende mieux la sensualité (sa propre sensualité, celle de l'autre ou celle d'un personnage imaginaire...), quand elle est associée à la représentation mentale d'un être vivant non-humain."
Et ben, ca y est j'ai ma définition, je m'arrête là. A mon avis, on peut pas en dire plus, ni en dire moins. J'ai bien envie de répondre à la question "pourquoi?". Mais, manifestement, à chaque fur sa réponse.
Ce qui compte pour certains, c'est des convictions très fortes en faveur du règne animale. Des furs qui idéalisent la Nature et lui associent des valeurs spirituelles, voir mystiques. Des furs qui adorent cet idéal d'émulation des qualités humaines et animales. Tout simplement.
Mais à mon avis, la raison première est souvent plus intime. J'ai bien envie de ressortir l'éducation judéo-chrétienne, la vision kantienne... bref tout ce qui débouche sur le mépris du corps humain. J'ai bien envie de parler des traumatismes de l'enfance, des conflits de l'adolescence, du jeune pré-fur qui rejette la société des hommes pour des raisons qui sont les siennes. Je dirais même, au regard de ce qui se cache dans certaines images de VCL, que beaucoup de furs ont de gros problèmes ("oooohhh" fait l'assistance qui désapprouve).
Mais c'est pas vrai pour tout le monde. Pas la peine de me répondre en s'énervant. Je sais.
En tout cas, je peux dire de mon expérience personnelle ce que le penchant furry m'apporte: c'est une thérapie, un remède contre la misanthropie, la haine de soi, la haine des autres.
Quand je vois un ado fille ou garçon se mépriser, se mutiler, se mettre à l'écart de la société, se complaire dans un rôle de bouque-émissaire, je me dis: dommage que cette personne n'ait pas la chance d'être furry, ça l'aiderait sûrement à s'apprivoiser, à sentir, à aimer...
Enfin, bon... pour quelqu'un qui ne comptait pas poster de messages. Me voilà bien attrapé.
Si j'ai le temps, je rempilerai sur une approche du furry vu comme une puissante et respectable technique d'auto-suggestion. Ca me plaît beaucoup d'imaginer que des furs pourraient dispenser des stages à tout le monde pour enseigner notre mode de pensée ("l'approche furry": 1500euro, ouarf
).