[Nouvelle en panique] Au s'cours les Weres !

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[Nouvelle en panique] Au s'cours les Weres !

Messagede Lone_Fox » 18 Jan 2005, 17:26

Voici une nouvelle que j'ai écrite il y a déjà trois ans, mais sans en être pleinement satisfait. Après l'avoir copieusement modifiée et retournée dans tous les sens, je n'arrive toujours pas à la faire correspondre à ce que je voudrais. En particulier, je la trouve déséquilibrée, la conclusion est trop éloignée du début, et la fin est trop abrupte. Mais je viens de la retrouver dans un coin poussiéreux de mon disque dur, et comme je n'arrive pas à me résoudre à la mettre sur internet telle quelle, je me permets de vous demander humblement votre avis quant à sa qualité et les éventuelles modifications à apporter. J'attends en particulier l'avis de nos amis les Weres, mais bien sûr, toutes les contributions sont les bienvenues :)
Merci d'avance !


Cupidon : 40%, servir glacé




Douce nuit…
Pleine lune…
Changement…
Souffrance. Ce fichu lampion faisait encore des siennes, comme presque tous les mois. 28 jours. Je les coche sur le petit calendrier crasseux qui me sert de repère, avec joie les premiers jours, de mes doigts tremblants lorsque les dernières nuits approchent. C’est juste un petit rond blanc sur le papier, parce que pour les humains ce n’est pas quelque chose d’important. Pour moi, c’est l’annonce de trois nuits de douleur, parfois plus, parfois moins. Mais c’est réglé comme du papier a musique par le ballet des astres qui jouent avec moi, avec ma vie et celle des autres. Tous les 28 jours, c’est cette douleur qui revient, cet instinct qui me noie, cette soif de sang qui me torture. Tous les 28 jours, je deviens un tueur psychopathe, un animal enragé et affamé avec l’intelligence d’un humain. Tous les 28 jours, je me transforme.
Je suis un loup-garou.

Une nuit de chasse et de tueries, encore une. Pour combien de temps encore, avant qu’un chasseur ou un policier ne mette fin a mon martyre ? A moins que je ne finisse par me suicider au-dessus des entrailles de l’enfant de trop ? Ou bien, peut-être, finir par m’habituer à cette vie de carnages continuels, loup dans une peau de mouton, vivant parmi les hommes en attendant la pleine lune qui fera de moi ce que je suis vraiment, un tueur, un prédateur, ne plus voir que de la viande sur les traits des passants, ne plus trouver qu’une proie facile dans le rire d’un enfant…
Assassin. Tueur. Prédateur. C’est si facile de jouer sur les mots, du plus immoral au plus normal. Accepter ma nature d’être surnaturel… Rien qu’une cruelle ironie de plus dans ma vie. Sélène dit que je passe trop de temps a penser, mais bon dieu, c’est ça qui fait de moi un humain et pas un foutu monstre cannibale !
Penser, plus facile a dire qu’a faire. Quand la faim te tenaille, te serre le ventre comme si on t’arrachait les tripes, tu ferais n’importe quoi pour l’assouvir. En fait, sans hésiter, tu fais n’importe quoi. Mais pourquoi je dis tu ? Inconsciente dissociation de personnalité ? Toi qui ne liras jamais ces lignes, tu es un humain normal. Je sais pourtant que nous sommes les seuls. A vrai dire, nous n’avons pas beaucoup cherché. Je ne tiens pas a rencontrer l’un des nôtres qui s’est assumé.

Dr Jekyll et Mr Hyde ? Non, ça serait bien trop facile. Pas de double personnalité sur laquelle je pourrais reporter ma culpabilité, pas de mauvais génie susurrant des pensées malsaines a mon oreille ; celui qui chasse et dévore des innocents comme des rats, c’est bien moi. Un moi violent, sauvage et primitif, mais moi tout de même. Pas de « et alors une partie de lui lutta contre l’instinct bestial et l’empêcha d’égorger sa victime », parce que sur le moment je n’ai rien envie de faire d’autre. Conscience, Raison, Ame, les philosophes sont des menteurs, il n’y a pas de haute spiritualité, l’esprit c’est le cerveau, et le cerveau, c’est le corps. Et quand tu as le corps d’un monstre, tu es un monstre. C’est aussi simple que ça.
Alors pour éviter de tuer, je m’isole dans des coins perdus, loin de tous les humains, priant pour qu’aucun inconscient ne vienne se jeter dans la gueule du loup. Je précise, autant oublier les gadgets stupides, genre s’enfermer dans une cellule ou bien s’enchaîner au radiateur. Je ne suis pas plus idiot quand je me transforme, et je ne peux pas jeter la clé dans le puits si je veux pouvoir me détacher quand le jour se lève.

C’était une nuit de début d’été, quand la foret hésite à se réveiller complètement de l’hiver et essaye un jour l’une, un jour l’autre saison, comme une coquette devant le miroir du ciel, indécise, alternant chaleur et froid avant de se décider. Je courais à quatre pattes, le museau près du sol pour traquer les subtiles effluves d’une proie éventuelle. J’avais senti un cerf, loin a l’ouest, et un chevreuil très clair vers la rivière, mais j’ai laissé tomber ces deux pistes. Trop fatigant. Je savais qu’il y avait dans ces bois un gibier plus rare mais bien plus facile a traquer, sourd, aveugle et sans odorat. Au milieu de la nuit, même le plus entraîné et résistant des humains est comme un enfant pour moi, affaiblis qu’ils sont tous par des millénaires de confort ou la vie n’est plus un combat quotidien.
J’ai fini par en sentir un, son odeur me fouettant le museau même a plusieurs kilomètres de distance, m’indiquant sa présence comme un phare. Je me suis élancé à sa poursuite presque a pleine vitesse, affamé, sûr et certain qu’il ne m’opposerait aucune résistance. Il suivait un chemin forestier, l’inconscient. Facile.
Pour moi, « trop facile » n’existe pas. Il n’y a pas de beauté de la chasse, pas de respect pour la proie abattue. Ce ne sont que des morceaux de viande. Un de plus.
Lorsque je suis arrivé sur la piste, je l’ai aperçu se découpant dans la lumière lunaire, une maigre silhouette me tournant le dos. J’ai grogné, parce que j’aime ça, avant de galoper vers lui. J’ai commencé à distinguer les détails a mesure que je me rapprochais. Un autre jour, j’aurais dit que c’était un homme plutôt âgé, vêtu d’un vieux blouson et d’un jean troué. Peut-être un père de famille en quête de solitude, un poivrot solitaire, un chasseur en balade, ou bien un simple amoureux de la nature, je ne saurai jamais. Ce jour-la, ce n’était qu’un repas de plus.
Il ne s’est pas retourné malgré le bruit de ma course, mais ça n’aurait rien changé de toute façon. Je l’ai fauché comme un fétu de paille en le plaquant au sol, il n’a pas crié. Ca doit être la raison pour laquelle je ne lui ai pas brisé la nuque d’un coup de patte, ce que je fais d’habitude. Je n’aime pas ceux qui crient. Je me suis penché pour arracher ses vêtements avec mes crocs avant de l’égorger, mais je me suis arrêté. L’humain avait laissé tomber quelque chose, un objet dans un sac de papier, et j’ai tendu le museau pour l’identifier. L’odeur m’a sauté à la truffe comme un pétard, me faisant reculer et cligner des yeux. J’ai tout de suite identifié la senteur agressive et j’ai tendu ma patte gauche pour attraper la bouteille qui déversait son précieux contenu sur la terre du chemin. Vodka.
L’humain sous moi ne bougeait toujours pas, je comprenais maintenant pourquoi. Mais je n’avais plus du tout envie de le manger. Toute mon attention était concentrée sur la bouteille dans ma main qui renvoyait les reflets de la lune. L’odeur de l’alcool faisait remonter en moi de vieux souvenirs… Cuites entre potes, cocktails maison, plaisir et oubli… Par réflexe, j’ai fourré la bouteille dans ma gueule, avalant à grosses goulées, laissant le liquide froid brûler ma gorge et ma langue et irriter ma truffe. Puis, bien sur, j’ai eu un haut-le-cœur, et j’ai craché et toussé la moitié de ce que j’avais avalé. Mais c’était si bon, mes sens affûtés donnaient à l’alcool une dimension, des saveurs insoupçonnées qui m’ont fait oublier ce pourquoi j’étais ici. Mon instinct venait de trouver quelque chose de plus intéressant que la viande à se mettre sous la dent. J’ai jeté un regard au poivrot étendu sur le chemin, mais il ne représentait plus rien désormais. J’avais envie de boire, me saouler à vomir, m’arracher la gueule avant de m’effondrer dans l’herbe en hurlant faux.
Et je connaissais un coin pour ça.

J’aime cet endroit. C’est un peu mon chez moi, par la force des choses. Difficile de se sentir chez soi enfermé dans un appartement pour humains ou l’on se sent comme un étranger. Quand tes amis sont d’une autre espèce, quand les posters de musique sur les murs sont comme des documentaires animaliers, quand les vitres sont comme des barreaux d’acier, tu te sens prisonnier d’une vie que tu hais, mais que tu aimerais vivre. Mon appartement est devenu une coquille vide, sale, laid, impersonnel ; un simple abri pendant la journée en attendant la nuit. Pourtant, je fais des efforts pour me faire un petit nid douillet qui me rappelle mon ancienne vie, pour me persuader que je suis encore a moitie humain, mais c’est peine perdue, cette mascarade ne trompe que les autres. Je n’ai pas de foyer, rien qu’une chambre d’hôtel permanente. Pourtant il me faut des repères, des petits rituels, quelque chose a quoi m’accrocher pour ne pas glisser vers le fond ; alors j’ai ce petit coin de foret que je chéris comme un joyau, quelque chose rien qu’a moi, si profond dans les bois qu’aucun humain n’y vient jamais. C’est chez moi.
Ca n’a rien de fantastique, au premier regard, mais j’ai appris a aimer cet endroit. Une petite clairière au milieu des essences mêlées, un espace couvert d’herbes hautes ou viennent parfois jouer quelques lapins et qui sent bon la terre, traversé par un petit cours d’eau, déjà plus un ruisseau mais pas encore une rivière, qui serpente entre les arbres, venant de nulle part pour aller vers le pays des hommes. Au centre, quelques gros rochers fatigués tentent vainement de barrer le passage a l’eau, qui serpente et bouillonne avec vivacité entre leurs doigts grossiers pour se jeter plus bas dans une petite cascade qui couvre le bruit de fond de la foret, avant de reprendre ses esprits dans un minuscule lac.
Je me suis assis sur le plus gros rocher, laissant mes pattes arrière pendre au dessus du minuscule gouffre, reprenant mon souffle après la course effrénée qui m’avait mené jusqu’ici. L’espace d’un instant, je me suis senti stupide d’avoir réagi aussi impulsivement pour une malheureuse bouteille d’alcool, un petit remords nettoyé par une nouvelle gorgée de vodka. La nuit était belle, et malgré la pleine lune qui squattait le ciel d’été, je pouvais encore voir briller quelques étoiles. J’ai éclusé quelques autres gorgées, enroulant mes lèvres autour de l’orifice comme un biberon, savourant le liquide puissant, ajoutant a chaque fois quelques petits coups de langue sur le goulot pour ne pas en perdre une goutte. Je me suis arrêté, calmé pour quelques instants, attendant et espérant la sensation cotonneuse qui allait venir ; résistant a la tentation de boire encore. J’étais a la fois heureux de me défouler avec quelque chose, impatient de me noyer dans l’alcool, et plus profondément, loin derrière mais toujours présent comme une toile de fond, j’étais triste. Pas besoin d’être un humain pour ressentir ça. Les loups sont des animaux sociaux, les humains aussi, et j’étais seul. La solitude est une douleur latente, une blessure et un poison bien plus mortels que les faux états d’âme des humains, parce que c’est mon instinct qui est frustré, déchiré et mis en pièces et qui pourtant ne peut être combattu, et qui revient me remplir d’une atroce et invincible tristesse chaque matin ou je me réveille seul.
L’alcool m’a donné une bouffée de chaleur bienvenue, vu que je commençais à me les geler, au sens propre, sur ce rocher glacé. J’ai calé ma précieuse bouteille a l’aide d’une petite pile de cailloux et je me suis allongé sur la roche froide, croisant les bras derrière la tête pour regarder les étoiles. Je me suis dit que c’était probablement le loisir le plus ancien de l’histoire, plus vieux que les hommes, au moins aussi vieux que les loups. Même si je ne sais pas exactement pourquoi ils hurlent, c’est dans des moments comme ceux-la que je les comprends. Hurler juste pour le plaisir, sans chercher de sens caché ou de signification complexe.
Je ne l’ai pas sentie approcher, je pense que c’est l’alcool qui a du avoir un effet dévastateur sur mon odorat, j’aurais au moins du l’entendre, mais le bruit de la chute d’eau couvrait aisément son pas léger, et je ne pouvais pas non plus la voir, fixé sur le plafond comme je l’étais ; et pour couronner le tout j’étais déjà a moitié sur la merveilleuse planète éthanol.
Par conséquent, j’ai failli avoir une crise cardiaque quand j’ai vu son museau éclipser le paysage qui occupait mes pensées et se pencher au-dessus de moi. Par réflexe j’ai bondi sur mes quatre pattes avec une lenteur inhabituelle pour lui faire face. Elle se tenait devant moi, debout sur deux pattes, arrogante et féline, à peine surprise par ma réaction, sa fourrure noire luisant sous les rayons de la lune au rythme de sa respiration. Ma sœur, Sélène.

« - Ca va pas non ? T’as failli me tuer sur ce coup ! » Ma voix sonnait conne un aboiement, agressive et rauque.
« - Eh bien, on ne dit même plus bonjour ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Ca va pas de me faire des frayeurs pareilles ! » dis-je en regardant ses traits de plus près pour m’apercevoir qu’elle avait vraiment l’air surprise.
« - Désolé de t’avoir réveillé, petit frère…
Je ne dormais pas ! » lui crachai-je, comme si le fait de s’assoupir était une faiblesse.
« - Pourtant, tu ne m’as même pas vue approcher, louveteau… » elle ponctua cette pique d’un petit sourire narquois, qui chez elle se traduisit par un retroussement de babines dévoilant ses crocs couleur ivoire.
« - J’étais concentré ! Je réfléchissais ! Et tu as fait exprès de me foutre la trouille !
- Pas du tout, je voulais juste te faire une petite surprise. Tu n’es pas content de me voir ? » dit-elle en croisant les bras.
« - Si, bien sur que si. Excuse-moi. »
Sur ces mots, je me suis approché d’elle pour la serrer contre moi, et elle m’a rendu cette étreinte pendant de longues minutes, glissant ses pattes dans ma fourrure épaisse. Je sentais son souffle chaud agiter les poils de mon cou, et son odeur si particulière me chatouillait la truffe, me rappelant en une inspiration ces moments de bonheur passés ensemble, ces chauds souvenirs chassant momentanément ma solitude pathologique.
Il faut que je vous parle un peu de ma sœur. Elle a deux ans de plus que moi et elle est maintenant ma seule famille. Elle a commencé a se changer a la puberté, comme moi. A douze ans, elle qui était une petite fille modèle, elle a commencé à perdre ses amies, à ne plus aller à l’école, pour finalement en l’espace de quelques mois devenir rebelle, asociale et violente. Tout le monde autour de moi était inquiet pour elle, cherchant des réponses a travers des examens psychologiques qui se révélaient totalement inutiles. Je me souviens des dîners en famille au milieu d’un silence atroce presque palpable qu’elle prenait un plaisir manifeste a entretenir. Pourtant, c’est a cette époque-la que je me suis senti le plus près d’elle, peut-être parce que je savais instinctivement ce qui lui arrivait, elle a cessé d’être la grande sœur qui me martyrisait et volait mes jouets pour devenir un animal sauvage, a la fois familier et inconnu, qui me fascinait. Mais ça n’a pas duré très longtemps, elle a commencé a fuguer, mettant les policiers à sa recherche sur les dents pendant une période de plus longue a chaque fois. Nos parents en pleurs passaient jour et nuit près du téléphone, et moi, tout seul dans ma chambre, je n’arrivais pas a dormir, contemplant la pleine lune en pensant a ma sœur. Et puis un jour, ma mère a lui fait sa valise et mon père l’a emmenée dans un centre, ou quelque chose comme ça. Je ne l’ai plus revue. Elle s’est échappée un jour de février, blessant gravement un des éducateurs dans sa fuite. On l’a cherchée, bien sur. Il y a eu une enquête, des battues, des témoins, des spéculations folles dans les journaux bon marché, et puis on l’a oubliée. J’ai vu mes parents abandonner lentement tout espoir, collant des affiches, animant des sites internet, distribuant des photos, mais ce n’était qu’une bouée pour se raccrocher et ne pas s’avouer que leur petite fille était morte. Moi, ma sœur me manquait. C’est a cette période que j’ai commencé a devenir seul, perdant moi aussi mes amis un a un. Je n’étais plus invité chez les autres enfants du quartier que sur pression des parents parce que j’étais un pauvre gosse traumatisé ; mais pour ceux de mon age, j’étais le frère de « la folle ». Ca m’allait bien, puisque de toute façon je ne voulais plus voir personne. La période d’avant mon changement s’est traduite par un repli sur moi-même, sans violence, que mon entourage a mis sur le compte de la perte de ma sœur.
Et puis j’ai changé moi aussi. Mais je n’ai pas eu la chance de le faire loin de chez moi, dans un endroit plein d’étrangers. Ca s’est passé dans ma chambre, ma petite chambre de vieil enfant avec les oursons délavés sur le papier peint, les maquettes d’avions pendant au plafond et les vieux jouets prenant la poussière dans l’indifférence générale parce que personne ne les avait vus devenir inutiles. Ce soir-la j’avais dîné rapidement en rentrant de cours, puis j’étais monté dans ma chambre et je m’étais étalé sur mon lit, au bord des larmes. Ca avait été une dure journée de plus à cause de cette bande de rats de laboratoire qui me servaient de camarades de classe et des tortionnaires aveugles qu’on appelait professeurs. Je supportais de moins en moins bien l’école, je multipliais les manquements au règlement, je séchais joyeusement la moitié des cours et je louvoyais a la limite de l’échec scolaire. Mes parents ne s’en inquiétaient pas plus que ça, se contentant de me gâter et de me couver comme s’ils avaient peur que je m’envole du jour au lendemain. Effectivement, j’étais de plus en plus en train de décoller vers une autre planète ou les résultats scolaires, l’hygiène de base, les repas a heures régulières et les contacts sociaux basiques (bonjour-comment ça va) étaient plus que superflus. Dans un coin de ma tête, je me disais qu’une bonne paire de baffes et un peu de discipline me ramèneraient probablement sur le droit chemin ; mais la réalité était que cette vie n’était déjà plus la mienne. L’école en particulier me rendait fou, j’avais envie de sauter par la fenêtre, aller je ne sais pas où, mais loin. J’étais a deux doigts de péter les plombs.
Et j’ai pété les plombs. Vraiment.
Je ne me rappelle plus exactement ce qu’il y avait eu de particulier ce jour-la, peut-être simplement la goutte qui a fait déborder le vase, a moins que le changement ne se soit achevé cette nuit-la par un étrange caprice de la génétique. J’étais allongé sur mon lit qui menaçait de devenir trop court au fur et a mesure que je grandissais et je regardais le plafond, sans arriver a voir autre chose que de la peinture jaunie. Je ne l’ai pas vue se lever. Comme d’habitude elle est arrivée discrètement, peu après le crépuscule, elle a inondé ma chambre d’une lumière pâle qui donnait un aspect inquiétant aux objets les plus inoffensifs. Dehors, les voitures se faisaient plus rares au fur et a mesure que l’heure avançait. En bas, la télévision crachait son bruit de fond incompréhensible. La nuit était calme. Moi aussi.
C’est arrivé d’un coup, comme un spasme. Je me suis dressé sur mon lit, plus de surprise que de douleur. Une seconde plus tard j’ai craint le pire, l’accident cardiaque, l’empoisonnement, et j’ai essayé de me lever, chercher de l’aide, combattre cette impression étrange qui s’insinuait en moi. Je n’ai pas trouvé d’autre mot pour décrire ça, c’est a la fois agréable et dégoûtant, autant physique que psychique, mais la première fois c’était surtout étranger, terrifiant, incompréhensible. Incapable de me tenir debout, je suis tombé sur le tapis et je me suis roulé sur le sol, essayant désespérément d’atteindre la porte, la lumière, mes parents, la sécurité. J’ai senti mes vêtements me serrer la peau, mais je n’ai pas pensé a les enlever, j’étais trop terrifié pour ça. Je me suis immobilisé sur le dos, incapable de bouger, hypnotisé par la pleine lune, horrifié par le spectacle de ma propre poitrine qui gonflait comme sous les battements frénétiques de mon cœur. J’ai hurlé de terreur mais rien n’est sorti de ce qui était déjà ma gueule. J’ai vu mon t-shirt se tendre et se déchirer comme une feuille de papier, et je me suis tordu de douleur lorsque mon jean est devenu trop serré. Heureusement, j’ai pu déplacer mes mains tremblantes et arracher les boutons avec un soupir de soulagement, et je me suis abandonné a cette étrange sensation, pris de tremblements incontrôlables, me tordant sur le sol jusqu'à ce qu’enfin ça se calme et que je puisse respirer normalement. Ca ne faisait plus mal maintenant, ça avait l’air terminé, ou au moins stabilisé, mais mon cœur battait toujours la chamade. Je ne savais pas ce qui m’arrivait, et l’option « je me suis transformé en loup-garou » n’est pas fournie en standard dans l’esprit d’un gamin de 12 ans. J’ai essayé de me lever, et mes yeux ont lancé des messages d’alerte a mon cerveau quand ils ont identifié un ventre couvert de fourrure blanche et des pattes griffues là ou auraient du se trouver de la peau lisse et des mains pleines de doigts. Je me suis retourné par réflexe pour me retrouver sur le ventre, et j’ai poussé sur ce que je pensais encore être des mains et des pieds pour me mettre debout, c’est-à-dire sur quatre pattes. Je suis tombé nez-à-nez avec un cauchemar, l’image atroce d’un monstre velu au poil gris-blanc qui se tenait face a moi, la langue pendante, avec deux oreilles plantées sur une tête de chien au museau allongé d’ou pendait une langue frémissante, campé sur quatre pattes puissantes, et dont les yeux jaunes inexpressifs plongeaient dans les miens. Merci, le miroir.
Ce soir-la, je suis devenu fou. Mais je ne le suis pas resté, bien sur. Seulement, il faut une bonne dose de courage pour accepter en quelques instants l’idée qu’on vient de changer de corps, et je ne l’avais pas. Ma conscience, mon esprit, appelez ça comme vous voulez, a explosé sous le choc, mon cerveau a planté comme un vulgaire ordinateur, tout simplement. Je suis tombé en catatonie, effondré sur le sol en position fœtale, les yeux grands ouverts ne regardant rien, le souffle rauque. Je suis resté comme ça pendant longtemps, bloqué, revenu au stade de la pré-enfance, comme un bébé qui découvre son corps et le monde qui l’entoure. Je ne pouvais pas bouger, mais surtout, il n’y avait plus rien dans ma tête pour ordonner à mes muscles de bouger. Mes yeux étaient fixés sur le vide devant moi et je ne voyais rien, et c’est mon odorat qui m’a sorti de ma torpeur. J’ai commencé sans le vouloir, simplement en respirant, a sentir des odeurs familières, parce que les odeurs ne s’oublient jamais. Notre éducation ne nous apprend pas à les associer avec des mots, alors on les associe avec des sons, des images, des impressions, des sentiments ; les odeurs sont du domaine de l’instinct. Et comme ma conscience avait disparu sous la surcharge de la réalité, mon instinct a pris le relais. Apres ce qui m’a paru plus qu’une éternité, plutôt une autre vie, j’ai recommencé a vivre. J’ai tendu le museau en inspirant profondément pour m’imprégner des odeurs de cet endroit, pour savoir où j’étais. J’ai léché le bout de mes pattes pour bien savoir qu’elles étaient là, puis je me suis léché tout le corps, y compris certaines parties qui n’avaient pas si mauvais goût. Quand j’ai eu fini, j’ai reposé la tête sur le sol, j’avais pris mes repères, je me sentais bien, j’étais prêt a affronter le monde. J’ai poussé sur mes pattes, faisant appel à une partie de mon nouveau cerveau pour savoir comment faire. J’étais en pilotage automatique, réagissant impulsivement aux stimuli de l’environnement, comme une machine, où, comme je l’ai découvert plus tard, comme un animal. J’ai tourné dans la chambre à quatre pattes, désorienté par une odeur proche de la mienne mais pourtant différente qui imprégnait les lieux. Le lit – même si à ce moment-la je ne savais pas ce que c’était – sentait particulièrement fort, et j’ai sauté dessus pour mieux l’analyser. J’ai conclu que c’était un étranger mais je l’ai classé comme « famille » ou quelque chose comme ça. J’ai quand même levé la patte et uriné sur mon oreiller et mon lit, ce qui m’a beaucoup soulagé. Mais j’avais faim, et je me sentais enfermé dans cet endroit. J’ai marché jusqu'à la fenêtre ouverte qui laissait pénétrer le vent du soir, et j’ai posé les pattes sur le rebord, ne prêtant aucune attention à la pleine lune qui ne représentait rien, me concentrant plutôt sur les senteurs de la rue. Ca semblait intéressant, ça sentait la nourriture. J’ai sauté agilement sur le toit en-dessous, m’aidant de ma queue pour garder mon équilibre, puis sur le gazon devant la maison. Je me suis ébroué, puis je suis parti en trottinant a la découverte de mon nouveau territoire.
Ca n’est que plus tard que je me suis rendu compte qui si la porte de ma chambre était restée ne serait-ce qu’entrouverte, j’aurais tué mes parents.
Je suis sûrement égoïste de dire ça, parce que cette nuit-la j’ai tué des innocents qui eux aussi avaient des enfants, des parents, des amis, des vies. Je marchais le long du trottoir, le museau au ras du sol, cherchant quelque chose de plus intéressant que les poubelles lorsque la voiture est passée. Apeuré, je me suis blotti derrière la rangée de formes sombres le long de la rue, observant cet étrange animal aux yeux luisants et au souffle grondant, essayant confusément de le classer comme proie ou non. Je l’ai suivi du regard, et j’ai failli fuir lorsqu’il s’est arrêté un peu plus loin, persuadé qu’il me cherchait. J’ai été surpris de l’entendre s’arrêter de grogner et voir un humain apparaître a ses cotés. Eux, c’étaient des proies, sans hésiter. Les loups n’attaquent pas les humains parce qu’ils en ont peur, mais moi je les connaissais trop bien pour ne pas savoir qu’ils étaient à ma portée. Je me suis élancé pour l’attaquer, il était bien trop près pour pouvoir m’échapper, et j’avais l’effet de surprise avec moi. J’ai vu son visage se tordre et son corps se paralyser sous l’effet de la peur, et il a juste esquissé un geste du bras pour essayer de se protéger. Je me suis abattu sur lui de tout mon poids, il a poussé un grognement en heurtant le sol juste avant que je ne lui morde la gorge, arrachant sa trachée et sa carotide, le tuant presque instantanément et l’empêchant de hurler. J’ai été surpris d’entendre un cri strident a ma gauche, proche mais comme étouffé. J’ai tourné la tête, emmenant avec moi un morceau de cou, pour trouver l’humain à l’origine du cri. Il y en avait un autre tout près qui me faisait face et hurlait de terreur, alors je me suis jeté sur lui pour lui mordre le visage. Ma tète a heurté violemment un mur invisible, et j’ai reculé en portant une patte a mon museau douloureux qui saignait. Je ne comprenais pas ce qui m’empêchait d’atteindre cette proie, et j’ai donné de violents coups d’épaule dans la barrière invisible, excité par les cris qui redoublaient. J’ai fini par me frayer un chemin a l’intérieur, passant une patte a travers le verre brisé pour attraper cet exaspérant humain et le traîner a l’extérieur ou je lui ai brisé la nuque sur le sol. Debout au-dessus des deux cadavres, la langue pendante, j’ai repris mon souffle en me demandant par où j’allais commencer. J’étais un peu troublé par ce que j’avais dû accomplir pour tuer les deux humains, mais j’étais content de cette première chasse.

Je me suis réveillé au petit matin, grelottant de froid, tout nu sur le tapis de ma chambre. J’ai à peine eu le temps de me souvenir du rêve horrible que j’avais fait lorsque j’ai noté les vêtements déchirés autour de moi, l’odeur d’urine qui venait du lit et le sang sur mes mains et mon visage. Là encore j’ai failli devenir fou, mais j’ai tenu bon a cause de la peur que mes parents ne découvrent tout ça. J’ai jeté les vêtements, enlevé les draps et je me suis précipité dans la salle de bain pour prendre la plus longue douche de ma vie. J’ai laissé l’eau brûlante laver le sang et la crasse, mais rien ne pouvait enlever les souvenirs atroces qui remontaient maintenant que j’avais le temps de penser, comme des grosses bulles dans un marécage. Assis dans la douche, la tête entre les mains, j’ai pleuré. J’étais un loup-garou.

La nuit suivante, je me suis stupidement enfermé dans ma chambre, espérant qu’une porte pourrait m’empêcher de sortir. Je me suis déshabillé et j’ai attendu la pleine lune avec angoisse, mais lorsqu’elle est venue, rien ne s’est passé. Etonné et inquiet, je l’ai regardée de plus près pour m’apercevoir qu’elle n’était plus tout a fait pleine et j’ai poussé un long soupir de soulagement. Mais j’ai eu envie de me suicider quand je me suis aperçu que j’étais déçu.

Ca n’est qu’a la pleine lune suivante que j’ai retrouvé ma sœur au hasard de mes balades dans les bois, j’ai hurlé de désespoir et elle m’a répondu. Elle m’a appris l’histoire de sa fugue et de sa première transformation, elle m’a expliqué notre dépendance a la pleine lune et notre hérédité, elle m’a montré comment me transformer quand je le souhaite des que la nuit tombe. C’était il y a trois ans, depuis, nous ne nous sommes plus quittés.

« Hé, mais qu’est-ce que tu as là ? » demanda-t-elle en levant la tête par-dessus mon épaule.
« Heu, rien du tout » répondis-je, brillamment inspiré. De toute façon, j’aurais aussi bien pu essayer de cacher un porte-avions derrière un buisson que de tenter de lui dissimuler une bouteille de gnôle.
« Petit cachottier, tu voulais garder ton butin pour toi tout seul ? » dit-elle en se baissant pour saisir mon petit trésor. Je me contentai de geindre de dépit, me voyant déjà obligé de partager ce qui restait. Elle passa sa langue sur le goulot et se lécha les babines. « C’est du bon en plus ! Ne me dit pas que tu comptais garder tout pour toi tout seul ?
- Meuh, répondis-je.
- Où est-ce que tu as trouvé ça ?
- Quelque part, par là-bas. » J’ai vaguement agité une patte en direction des bois. Sélène comprit immédiatement et se contenta de hocher la tête. Pour nous, la chasse c’est un peu comme le sexe chez les gens normaux : on le fait mais on évite d’en parler trop ouvertement ou trop crûment. Même si je venais de dire que j’avais tué quelqu’un, il n’y avait pas besoin de s’attarder dessus. C’est la vie. A moins que ce ne soit un rempart de plus contre la folie qui nous gagne.
Elle referma ses fines griffes autour de la bouteille et me fit un clin d’œil avant de la porter à ses lèvres. C’était presque cocasse de la voir téter au goulot comme un bébé à son biberon ; ça l’aurait été si j’avais oublié qu’elle pouvait tuer trois hommes en cinq secondes et abattre un cerf d’un coup de patte. J’ai haussé les épaules et je me suis demandé, avec un détachement qui ne me ressemblait pas, ce qu’en aurait pensé un éventuel observateur extérieur : deux loups-garous en train de se saouler la gueule en discutant sous la pleine lune, ça n’était pas vraiment un film d’horreur… Sélène a toussoté et s’est assise à côté de moi sur la pierre froide, ses pattes arrière se balançant au-dessus du vide. Elle m’a rendu la bouteille avec un sourire – ou du moins, ce qui peut passer pour un sourire quand on a quarante-deux dents.
Merci, dit-elle.
Je n’ai rien ajouté et je me suis contenté de prendre une autre gorgée. On est restés un instant comme ça, à regarder le ruisseau qui défilait en-dessous de nous. Lui, au moins, il allait quelque part. C’est une bénédiction de vivre sa vie au jour le jour ; on évite de se poser des questions embarrassantes, on s’englue dans la routine. Même si cette routine consiste à tuer des gens tous les mois, on s’y enroule comme dans une chaude couverture qui nous isole du monde extérieur, comme ces dimanche matin où l’on voudrait rester sous la couette toute la journée. Et puis un jour, un événement nous jette la tête la première dans la réalité, cette réalité crue, froide et inconnue, pleine de questions sans réponse et de chemins à prendre. Ca peut être une rupture, un miracle, une disparition ; ou bien quelque chose de ridiculement anodin, un hasard, une rencontre, ou même une poignée de rien, un nuage, une impression éphémère. Voire même une bouteille de vodka. Mais ça, je ne le savais pas encore.

« Tiens, j’ai tué le chien des Miller aujourd’hui. » Elle avait dit ça avec un détachement qui m’aurait semblé monstrueux quelques années auparavant, mais c’était comme si elle m’avait dit « J’ai rencontré madame Miller aujourd’hui. » En fait, heureusement qu’elle n’avait pas rencontré madame Miller.
« - Ce vieux clébard ? Il est à peine capable de tuer un os. Qu’est-ce qu’il t’a fait ? » Je n’étais pas choqué, juste surpris. Le vieux cabot vivait avec ses maîtres en lisière de la forêt, il aboyait et dormait beaucoup mais en-dehors de ça il était largement inoffensif, surtout pour nous deux. Sélène se contenta de hausser les épaules et reprit une lampée.
« Je passais dans le coin et j’avais un creux. Et puis ça fait longtemps qu’il me casse les oreilles.
- Ah », répondis-je, philosophe. Il y eut une autre pause avant qu’elle ne reprenne en pouffant de rire : « Eh, tu crois qu’ils vont en prendre un autre ? »
J’ai éclaté de rire et j’ai répondu : « Ouais ! Ce serait cool ! Un doberman !
- Comme la dernière fois !
On a ri comme des idiots tous les deux en repensant à cette fois où on s’était particulièrement amusés avec un clébard perdu dans les bois. Je revoyais encore ses maîtres se frayer un chemin dans les taillis en s’époumonant pour le retrouver, Sélène et moi riant sous cape, invisibles. C’est vrai que les chiens sont particulièrement stupides, pires que tous les autres mammifères, pires même que les moutons ; soigneusement sélectionnés pendant des milliers de générations pour des qualités telles que la loyauté, le courage ou la gentillesse. Ce que l'Homme a obtenu c’est des lèches-bottes idiots et agressifs, inconscients du danger et dépourvus de tout instinct. Je n’aime pas les chiens, sauf-peut-être ceux qui égorgent leur maître.
Le fou rire a duré un instant, puis s’est lentement calmé, laissant place au silence entrecoupé par nos respirations haletantes, un silence qui sentait la tristesse et la solitude.
«Tu sais, j’aimerais vraiment être ailleurs… J’en ai marre de cet endroit. »
Elle était assise sur un rocher, penchée au-dessus du ruisseau, hypnotisée par les reflets argentés de l’eau bouillonnant en contrebas. Sa voix était grave et rauque, pleine de rancœur et de déceptions, comme la mienne. C’était une voix faite pour hurler et pour grogner, pas pour dire quelque chose de beau.
« - Je sais. Moi aussi. Mais tu sais bien qu’on a pas le choix. »
Toute trace de malice avait disparu de sa voix et de son attitude. Son esprit était à nu, et bien plus que d’habitude, elle disait ce qu’elle ressentait vraiment.
« J’en ai marre d’être toute seule, petit frère.
- He, et moi, tu m’oublies ? »
Je m’efforçai de prendre un air faussement indigné, mais les subtilités du jeu social étaient quelque peu déplacées à cet instant. Elle me sourit, un sourire avec les yeux, chaud et sincère, avec une note d’indulgence.
« Tu as raison. Nous sommes tous seuls. »
Elle baissa la tête et aplatit les oreilles, et je me suis senti désolé pour elle. Après tout je n’étais arrivé que très récemment dans sa vie – le crêpage de chignon entre gosses qui résumait nos relations avant notre séparation ne comptait pas vraiment, c’était plutôt comme une autre existence. Alors que je n’étais qu’un louveteau qui découvrait à peine ce qui l’attendait, elle avait eu suffisamment le temps de goûter à la solitude pour en souffrir. J’ai enroulé mes bras autour de ses épaules et je l’ai serrée contre moi. Je senti son odeur âcre que je connaissais bien, et le contact de sa fourrure rêche m’apporta une chaleur bienvenue. Je me sentais déjà mieux, ce qui n’était pas encore bien mais toujours mieux que moins bien et surtout que plus mal. Soudain je repensai à l’artéfact central de la conversation, que j’avais presque oublié, et je tâtonnai à la recherche de notre chère bouteille, que je saisis en faisant bien attention de ne pas renverser la précieuse liqueur. J’en pris une bonne lampée – ça réchauffait toujours aussi bien – et je la tendis à Sélène. Sans me regarder, elle l’empoigna en marmonnant ce qui pouvait passer pour un « merci »et prit une gorgée généreuse. L’odeur piquante de désinfectant se répandit autour de nous. Après tout, l’alcool est une sorte de détergeant pour l’esprit, ça lave les saletés et ça laisse beaucoup de choses plus nettes. Ca a duré un moment comme ça, tous deux enlacés et immobiles sauf pour le passage de la bouteille de l’un à l’autre.
« Tu sais, j’aimerais bien être comme ce ruisseau, dit Sélène doucement.
- Pourquoi ?
- Lui, au moins, il va quelque part…
Elle avait dit ça d’une voix neutre qui ne reflétait ni tristesse, ni joie. Je n’avais aucun indice sur son humeur, je ne pouvais pas dire si elle était toujours triste ou bien si le fait de la serrer contre moi lui avait remonté le moral. Je ne savais pas trop quoi répondre, si je devais être gai ou grave, alors je n’ai rien répondu, me contentant d’opiner de la tête.
- Tu sais, reprit-elle, on devrait faire comme lui.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? demandai-je, l’air idiot. J’aurais du le voir venir.
D’un geste rapide, Sélène passa un bras derrière mon dos, agrippa ma patte qui se trouvait sur son épaule et se jeta vers l’avant, nous jetant tous les deux dans le vide en poussant un petit cri de joie. Je n’ai rien eu le temps de faire, l’alcool avait déjà fait son effet et avant même que je ne pense à réagir, nous avons percuté la surface sombre de l’eau. J’ai senti le courant emporter Sélène loin de moi, et j’ai lutté pour rejoindre la surface. Je me rends compte maintenant que c’était vraiment ridicule, puisque au terme des quelques secondes nécessaires pour reprendre mes esprits, je me suis aperçu que j’avais pied, si j’ose dire. J’ai posé les pattes sur le fond boueux et je me suis hissé sur la rive à quatre pattes, toussant, grognant et jurant. J’ai jeté un regard circulaire à la recherche de ma sœur, mais je ne la voyais nulle part, ce qui laissait craindre le pire – pas pour elle, mais pour moi. J’ai fait quelques pas et je me suis ébroué lorsqu’elle m’est tombée dessus comme une tonne de briques. On a roulé tous les deux dans les hautes herbes, et je me suis retrouvé nez-à-nez avec une Sélène ruisselante, la langue pendante, trônant fièrement sur ma poitrine. Elle m’a donné un coup de langue sur la truffe avant de s’enfuir dans l’obscurité, me laissant là, surpris et trempé. Je me suis rapidement remis sur pied et j’ai bondi à sa poursuite en grognant, déterminé à lui rendre la monnaie de sa pièce. J’ai dressé le museau à la recherche de son odeur, et j’ai plissé les yeux pour scruter l’obscurité en espérant saisir un mouvement. Les herbes hautes et les arbustes ondulaient doucement sous la brise qui soufflait à travers la prairie, insufflant une vie artificielle aux plantes qui ressemblaient à d’étranges fantômes acharnés à détourner mon attention et à dissimuler ma sœur. J’ai dressé les oreilles et par-dessus le bruissement des herbes dansant dans le vent, j’ai saisi un rire étouffé venant d’un bosquet à quelques pas de moi qui s’efforçait d’avoir l’air innocent. J’ai aboyé de triomphe et j’ai bondi la tête la première dans le feuillage, heurtant avec violence et satisfaction une masse de fourrure chaude et mouillée.
Sélène et moi pratiquons régulièrement ce genre de jeu, comme les louveteaux ou les enfants (jusqu’à ce que leur mère le leur interdise), un jeu de poursuite où l’on se cache, traque l’autre, les sens en alerte ; où on court, esquive, bondit, feinte et attaque, où l’astuce est toute aussi importante que la vitesse et la force, où on plaque, frappe et mord ; mais qui ne reste qu’un jeu, le jeu de la chasse, le jeu de la survie ; le jeu de la vie, en somme. La petite bagarre a duré moins longtemps que d’habitude, l’alcool influant de manière certaine sur nos capacités et notre résistance, et nous sommes rapidement tombés de fatigue, roulant dans les bras l’un de l’autre, riant et haletant. Je me suis immobilisé sur le dos, grommelant des malédictions à l’encontre de la voûte céleste et de la planète qui refusaient d’arrêter de tourner. Sélène était enfin calmée, blottie contre moi, et semblait avoir abandonné ses plans facétieux pour le moment. Je me suis détendu et je l’ai serrée contre moi en poussant un soupir de contentement. L’ambiance n’était plus au jeu, je me sentais en confiance, mieux que je ne l’avais été depuis bien longtemps. J’ai laissé mon imagination vagabonder par-delà les verts pâturages de l’habitude, et mes yeux se fermaient peu à peu. La nuit était calme, et je sentais la poitrine de ma sœur qui se soulevait au rythme de sa respiration. J’étais bien.
Puis Sélène a semblé se réveiller, et elle a tendrement enroulé ses bras autour de mes épaules, plongeant son museau dans la fourrure mouillée de mon cou. J’avais l’habitude des contacts physiques – nous sommes des animaux, après tout – mais il y avait dans ses lents mouvements, dans le rythme de ses inspirations, dans la douceur de ses gestes, quelque chose de nouveau et d’inhabituel. Je me suis laissé faire, lui rendant son étreinte avec ferveur, grattant la fourrure de son dos, grognant de satisfaction.
« Je t’aime, petit frère. » dit-elle d’un souffle dans mon oreille. Ce n’était pas la première fois qu’elle me disait cela, mais cette fois-ci c’était différent.
« Moi aussi je t’aime, grande sœur. » Nul besoin d’alcool, j’étais juste idiot, et je lui ai répondu machinalement, sans comprendre ce qu’elle voulait me dire. En réponse, elle m’a mordillé l’oreille, et m’a serré plus près contre elle, pressant son ventre contre le mien. Malgré l’alcool, j’ai senti monter en moi un sentiment de panique face à l’inconnu, face au comportement inhabituel de ma sœur. Elle a dû sentir ma respiration s’accélérer et mon corps se tendre, et elle a levé vers moi des yeux pleins de tendresse et de chaleur. J’ai fermé les yeux, rassuré, et j’ai senti ses lèvres se presser contre les miennes, sa langue et la mienne s’enrouler dans un baiser animal passionné aux saveurs inoubliables. Mes doutes ont fondu peu à peu, mais mon appréhension grandissait à mesure que notre étreinte se faisait plus forte. Nous étions nus tous les deux, et nous étions tout l’un pour l’autre. Mais c’était ma sœur ! Pas question de faire ça, pas maintenant… La peur a repris le dessus et malgré le désir animal qui m’attirait vers elle, je me suis dérobé, tremblant de froid et de peur. Elle a lu dans mes yeux mes craintes et mes doutes, mes peurs et mes espoirs, et dans les siens j’ai lu le désespoir et la solitude, mais surtout l’affection et l’amour qu’elle me portait et qui étaient aussi miens. Ma respiration s’est lentement calmée, je me suis détendu entre ses bras, et nous nous sommes à nouveau embrassés, pendant ce qui m’a semblé une éternité.
Jusque-là je ne m’en étais jamais rendu compte, mais Sélène est la seule personne qu’il me reste, et la seule que j’aurai jamais. C’est ma sœur, et alors ? Je l’aime, nous sommes tout l’un pour l’autre. La solitude était un froid tenace qui glace les os, chassée par la chaleur de notre union. Nous ne sommes plus seuls maintenant, nous sommes ensemble.
Les caresses de Sélène se sont rapidement faites plus insistantes, et au moment de me laisser aller au plaisir, j’ai eu une pensée saugrenue et ridicule. J’ai pensé à la bouteille de vodka.


Dernière édition par Lone_Fox le 18 Jan 2005, 23:18, édité 1 fois.
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Messagede Corrsk » 18 Jan 2005, 19:56

Pas mal comme récit (Je dit ca mais je ferais surement pas mieux ^^)
Bon bah ta demander de l'aide bah en voila, deux petit truc comportement du loup:

Le Grognement est une intimidation (Ou un désaprouvement) , un animal grogne pour intimider, faire peur, et se montrer superieur. Un ennemie qui a peur est un ennemie faible.
Le loup hurle pour signaler sa présence a la meute logiquement il s'agit d'un hurlement pour le groupe et par le groupe (Ca fait un peu constitution). Logiquement c'est le chef de meute qui hurle, puis accompagner du reste de la meute. Même si il arrive qu'ils hurlent sans raison particulières...
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Messagede Ozone Griffox » 18 Jan 2005, 20:20

Corrsk a écrit:Le Grognement est une intimidation (Ou un désaprouvement) , un animal grogne pour intimider, faire peur, et se montrer superieur.

Sauf que quand l'animal grogne par désaprouvement, ce qui arrive très souvent, il n'essaye pas de se montrer supérieur ni d'intimider. Il essaye juste de dire "laisse moi tranquille".
Les loups hurlents aussi pour signaler aux meutes environnantes que c'est leur territoire, interdiction de s'approcher.
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Messagede Lone_Fox » 18 Jan 2005, 20:58

Ozone Griffox a écrit:
Corrsk a écrit:Le Grognement est une intimidation (Ou un désaprouvement) , un animal grogne pour intimider, faire peur, et se montrer superieur.

Sauf que quand l'animal grogne par désaprouvement, ce qui arrive très souvent, il n'essaye pas de se montrer supérieur ni d'intimider. Il essaye juste de dire "laisse moi tranquille".
Les loups hurlents aussi pour signaler aux meutes environnantes que c'est leur territoire, interdiction de s'approcher.


Je crois que tu voulais dire Désapprobation, plutôt :P
Au fait, quelqu'un sait combien de dents ça a, un loup ?
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Messagede NightWolf » 18 Jan 2005, 21:07

42 dents (12 incisives, 4 canines, 16 prémolaires, 10 molaires)

Désolé j'ai pas encore lu ta nouvelle, je suis super occupé :|
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Messagede Lone_Fox » 18 Jan 2005, 23:20

Merci pour l'info, Night (modification apportée).
Et pas grave si t'as pas le temps de lire, je crois que de toute façon personne ne lira :oops:
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Messagede Corrsk » 19 Jan 2005, 01:00

Ozone Griffox a écrit:Sauf que quand l'animal grogne par désaprouvement, ce qui arrive très souvent, il n'essaye pas de se montrer supérieur ni d'intimider. Il essaye juste de dire "laisse moi tranquille".

C'est pour ca que j'ai mis "desaprouvement" entre parenthese, parce que ca n'avait pas a voir avec ce dont je parlais sur ce moment la. Juste pour signaler qu'un animal grogne aussi pour montrer qu'il est pas coopératif sur un sujet...
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Messagede Chelydra » 19 Jan 2005, 11:19

Lone_Fox a écrit:Et pas grave si t'as pas le temps de lire, je crois que de toute façon personne ne lira :oops:


Ben il faut dire qu'il est long ton texte. Alors, on a coutume d'entendre dire que *toussote gênée :D* plus c'est long plus c'est bon :P mais ça prend plus de temps aussi *toussote de nouveau :D* et d'énergie. :P :oops: :D

Pourquoi ne pas l'avoir déposé par petits bouts ? :-o
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Messagede Lone_Fox » 19 Jan 2005, 14:44

Xss a écrit:Oh mon Dieu "Xss qui fait une tête d'idiot..."
Qu'est ce que tu écris bien, mon Dieu...

Merci, ça fait plaisir !
Xss a écrit:Je tiens à lire que je lis pas énormément (alors que j'écris, oui je sais, ce n'est pas très logique), et je prévoyais de ne pas tout lire, j'ai juste commencé et j'ai accroché, et c'est assez rare (le plus souvent c'est à cause du style...Et toi t'as un style qui me plait! J'adore le petit humour cynique de temps à autres!)
C'est limite si là moi je n'ai pas honte des "machins" dont j'ai accouché n'importe comment, et que je tenter d'éditer :cry: .

Il ne faut pas. L'écriture n'est pas un "don" magique, et il faut pratiquer pour s'améliorer et apprendre. N'abandonne pas, ne te retourne pas sur ce que tu as écrit, continue !
Xss a écrit:Franchement, je vois pas ce que je pourrais dire (je suis pas doué pour les critiques)...

Alors dis-moi juste si ça t'a plu ou pas :)
Xss a écrit:Dis, je vais souvent sur le site d'une amie, qui écrit aussi : un petit site d'auteurs en herbe (quoique ça ressemble plus à une bande de potes qui déconnent à leur façon sur le net), on met nos textes, ou quelques parties de nos textes, dessus. Si tu veux, je peux te reffiler l'adresse de ce site et si tu le souhaites tu peux envoyer celui-ci à mon amie...Ou bien si ça ne te dérange pas, j'aimerais mettre un lien vers ce topic sur le forum de ce "petit site d'écrivains", car franchement ça vaut le coup que plus de personnes le lisent je trouve.
Au passage, tu écris depuis longtemps dis?

Ca ne me dérange absolument pas que tu mettes le lien de ce fil sur ce site, au contraire. Au passage, tu seras peut-être intéressé par mes autres nouvelles, trouvables ici. J'écris depuis cinq ans maintenant (déjà !) par intermittence, pour un total de 25 nouvelles environ (à ce rythme-là, j'atteindra les 300 à la fin de ma carrière, youpi :P )
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Messagede Lone_Fox » 19 Jan 2005, 14:48

Chelydra a écrit:Ben il faut dire qu'il est long ton texte. Alors, on a coutume d'entendre dire que *toussote gênée :D* plus c'est long plus c'est bon :P mais ça prend plus de temps aussi *toussote de nouveau :D* et d'énergie. :P :oops: :D

Pourquoi ne pas l'avoir déposé par petits bouts ? :-o


Bon, bon, alors le prochain je le découpe en petits morceaux menu menu pour te le faire ingérer sans douleur :P
Ca tombe bien, j'ai une autre nouvelle en devenir qui prend les toiles d'araignée, ça serait amusant de poster le début et de faire un vote pour décider quel sens prend l'histoire.
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Messagede Lone_Fox » 19 Jan 2005, 18:49

Xss a écrit:5 ans? Ah oui, en effet. Juste pour savoir, tu as quel âge toi?

Vingt-trois ans, mais ça ne se voit pas : j'ai l'air plus vieux mais je suis très immature. En fait, ça fait une sorte de moyenne autour de cet âge-là. J'ai commencé à écrire à 19 ans, en 2000, au début de ma deuxième année de fac.

Xss a écrit:Perso j'écris pas beaucoup. Il y a dans ans j'ai écrit le roman que je tente d'éditer à présent, et puis c'est tout. Disons qu'avant de me remettre à plancher sur le deuxième, il faut que je finisse de relire/paufiner le premier (la fin en tout cas), et je suis pas très motivé ces temps-ci.
Enfin, bon courage si jamais un jours tu tente ta chance dans l'édition! ^^
Bon, et comme je ne sais pas faire de bonnes critiques, je vais juste dire que j'ai vachement aimé ton texte, voilà! :wink:

Un roman complet ? C'est super, quel est le sujet ?
Ca me paraît complètement hors de portée, moi qui a déjà du mal à boucler une nouvelle de vingt pages, alors un roman de deux cents...
Enfin, je suis content que ça t'aie plu. Ce n'est d'ailleurs qu'une nouvelle parmi d'autres traitant aussi du thème du loup-garou, si ça t'intéresse. Et il y a aussi une nouvelle furry cachée dans le tas, il faut chercher :oops:
Tiens, pourrais-tu me donner l'adresse du site en question, que j'aille jeter un oeil ?
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Messagede feralkiss » 19 Jan 2005, 23:41

Hey Lone Fox, toujours aussi cool tes écrits! =)

En tant que "were"/thériane, bah... je sais pas, j'ai pas grand chose à dire. Cette version là des "weres" est classique dans le sens "pleine lune" et tout le tralala, une chose qui ne concerne pas du tout les thérians. Cela reste bien évidement une chouette nouvelle. =)
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Messagede Lone_Fox » 20 Jan 2005, 00:40

Akhila a écrit:Hey Lone Fox, toujours aussi cool tes écrits! =)

En tant que "were"/thériane, bah... je sais pas, j'ai pas grand chose à dire. Cette version là des "weres" est classique dans le sens "pleine lune" et tout le tralala, une chose qui ne concerne pas du tout les thérians. Cela reste bien évidement une chouette nouvelle. =)


Je plaide coupable : je me doute bien que la pleine lune n'est pas la tasse de thé de tout le monde ; mais c'est bien utile pour mettre le lecteur en terrain connu sans avoir à tout expliquer dans les détails. Par contre, j'avoue mon ignorance sur un autre point : qu'est-ce qu'un Therian ? En quoi est-ce différent d'un Were ?
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Messagede Juju » 20 Jan 2005, 00:59

*tentative compliquée d'une critique équilibrée*

Ce que je préfère dans ton histoire, c'est l'avancée de la "maladie" du héros et la description de sa solitude... ça fait penser à des sortes de lycanthropies qui existent malheureusement réellement.

Sinon, j'aime bien la manière dont tu gardes certains des stéréotypes du loup-garou, mais évacue directement certain autres ("pas de doceur jeckyll et mister hyde"), c'est plus intéressant que ceux qui collent à tout où rejettent tout en bloc.

Je vois pourquoi tu trouves ton histoire déséquilibrée ; le flash back qui intervient à l'arrivée de la soeur du héros est quand même vachement long et fait perdre le fil de l'histoire pendant un bon moment. Mais en fait, comme il est découpé en épisodes ("maladie" de Sélène - "maladie" du héros - première transformation - première chasse - retour de la soeur), tu pourrais, au lieu de faire d'abord le flash back, puis la scène du jeu et de la vodka, tenter d'alterner les deux : un épisode, un retour à la narration ; transition avec un second épisode ... Ca integrerait peut-être mieux ce flash back, et ça aurait l'avantage de rendre Sélène plus omniprésente et d'annoncer la fin.

Je suis pas particulièrement emballée par la fin, aussi ; j'aime beaucoup l'idée du petit détail, la bouteille de vodka, qui provoque un changement radical... Mais là j'ai moyennement suivi. Enfin bon, c'est peut-être juste une affaire de goût.

Un autre point ou j'ai pas suivi, c'est pour les dialogues. Le monologue marche assez bien, mais les dialogues donnent l'impression de vouloir reproduire une conversation anodine, mais sans avoir le truc qui les rendrait plus vrais que nature. Du coup, ils ont l'air un peu forcé.
(pour tout te dire, j'ai eu exactement le même problème dans toutes mes tentatives pitoyables pour écrire des dialogues)

Bon, ben je vois pas que dire de plus pour l'instant... J'espère que ce sera utile :)
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Messagede feralkiss » 20 Jan 2005, 18:59

Lone_Fox a écrit:Je plaide coupable : je me doute bien que la pleine lune n'est pas la tasse de thé de tout le monde ; mais c'est bien utile pour mettre le lecteur en terrain connu sans avoir à tout expliquer dans les détails. Par contre, j'avoue mon ignorance sur un autre point : qu'est-ce qu'un Therian ? En quoi est-ce différent d'un Were ?


Thérian (Thérianthrope) = Were.

Seulement, la communauté fur a recupéré ce terme entre autre pour désigner des furs un peu plus "féral", notamment (style vrai "garous"et tout). J'ai déjà expliqué tout ça dans mon intro, et dans un sujet sur les were (et un autre sujet il me semble je ne sais où).

C'est pas possible, vous avez tous la mémoire courte! :lol:
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