Merci à vous deux, c'est assez difficile de faire une histoire « furry », dans le sens où les différences au « monde humain » ne sont qu'anatomiques. Voici la suite :
Deuxième partie
Ils accostèrent vers onze heures. La barque repartit. Une fois les sacs sur le dos et une nouvelle couche d'anti-moustique appliquée, Nicolas prit la parole : « — Bien, avant de partir, il y a une consigne que je dois vous donner : il faut toujours rester en contact visuel avec un équipier. En toute circonstance. — Même pour…, se risqua Éloïse. — Même pour. Une fois, je me suis perdu à vingt mètres du campement alors que j'étais seul. Je n'étais pas très fier. Donc, il onze heures et quart, nous devrions rentrer au village d'où nous avons pris le bateau après-demain, en fin d'après-midi. » Grégoire et Marc se regardèrent, souriants et sûrs d'eux. « Oui, il faudra bien tout ce temps. Mais ce sera aussi dur pour vous que pour moi. Deux jours et demi de plaintes et de gémissements, surtout les garçons, croyez-en mon expérience. Mais c'est ça aussi, l'aventure. » Les sourires se muèrent en moues dubitatives. Nicolas découvrit toutes ses dents de satisfaction. « De toute façon, on ne peut plus faire marche arrière et les chèques ont été encaissés. Hauts les cœurs ! »
La progression dans la forêt était difficile. Les végétaux semblaient vouloir retenir les voyageurs dans leur étreinte luxuriante. Seul Nicolas semblait y trouver un quelconque sentier. L'atmosphère était étouffante, et il n'y avait pas la rivière pour apporter de la fraîcheur. Heureusement, ils faisaient de nombreux arrêts pour observer la faune, la flore et le sol. Seul Marc prenait des photos car il avait un appareil qui résistait à l'humidité. Marc était quelqu'un de prévoyant. Ils s'arrêtèrent en début d'après-midi pour manger du hareng fumé, du jambon sec et des biscuits. Nicolas en profita pour leur faire goûter diverses larves qu'il trouva au creux d'un tronc mort. Des quatre, seul Grégoire trouvait ça succulent. Le lézard riait de bon cœur. Il reprirent la route. Chaque effort leur coûtait beaucoup d'énergie et d'eau. Heureusement, l'ambiance était bonne et les cinq équipiers discutaient de tout entre deux essoufflements. Nicolas, par sa triple qualité de lézard, d'ancien militaire et de guide expérimenté ne semblait pas affecté par l'air moite et la flore exubérante.
Vers dix-huit heures, ils s'arrêtèrent dans un espace dégagé de toute végétation basse. Nicolas expliqua les directives au milieu des cris d'animaux. « Bien, la nuit, va bientôt tomber, nous allons établir le campement. Après vous être installés, Diane et Grégoire, vous irez chercher de l'eau dans les feuilles. Marc et Éloïse, je vais vous montrer une plante dont il faudra en ramasser un bouquet. En brûlant, cela éloignera pas mal de bestioles pour la nuit. Quant à moi, je m'occuperai du feu. La douche, ce sera demain. Et toujours visible l'un pour l'autre et en restant à portée de voix. »
Chacun accrocha son hamac entre deux fougères géantes, déposa ses affaires et alla à sa mission. Récupérer l'eau des feuilles n'était pas facile. Bien souvent, elle tombait à côté. Prélever des fleurs de Pélargonium n'était pas plus aisé. Si on ne faisait pas attention, on avait vite fait de se faire mordre, piquer ou toucher par une créature rampante, marchante ou volante qui semblait avoir pour unique raison d'existence de causer une mort lente et douloureuse. Les binômes s'enfonçaient toujours un peu plus dans la végétation, chacun de leur côté. Les membres s'écartaient au fur et à mesure de leur collecte, Éloïse et Marc en tête, tout en respectant les consignes du guide. Soudain, il y eut un grondement près d'Éloïse et Grégoire. Comme un massif animal qui ronfle, mais avec des gargouillis. Puis un autre, suivi d'un gémissement. Grégoire traversa la clairière en courant, courbé, attrapant un rouleau de papier toilette à la volée. Le lézard éclata de rire. « Tu n'aurais pas dû manger toutes ces larves ! T'inquiètes, ça part aussi vite que ça vient ! Diane, revient, on devrait avoir assez d'eau, sauf si notre ami a un système digestif plus délicat que prévu. » Mais la loutre ne l'entendait pas dans le tumulte des oiseaux. Au bout de quelques minutes, constatant que Grégoire ne réapparaissait pas, elle revint sur ses pas. Elle marcha cinquante mètres. L'endroit ne lui disait rien. Elle dévia à gauche, puis à droite. Rien. Son cœur accéléra. Elle appela. Dressant oreilles et moustaches, elle crut percevoir une lointaine réponse. Elle avança vers la source en courant. Il faisait de plus en plus sombre. Le ciel s'était couvert et une odeur acre d'humidité émanait du sol, annonçant la pluie. Au bout de cent mètres, elle s'arrêta et appela à nouveau. Pas de réponse. Le souffle saccadé, la trajectoire aléatoire, elle courait sous le regard curieux des habitants. Si cela lui donnait peu de chance de retrouver son chemin , au moins cela évacuait un peu la panique. Dans son affolement, elle trébucha. Elle dévala une pente et heurta un sol dur. La douleur troubla sa vision.
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